Avec le réchauffement climatique, des incendies devraient toucher des régions jusque là "immunisées" contre ces désastres naturels et dont la végétation est moins apte à se régénérer que dans les zones méditerranéennes, ont relevé des chercheurs français ce 28 juin. "Ce qu'on voit dans nos recherches, c'est que le réchauffement a trois conséquences, la première est une extension spatiale de la zone à risques,avec une contamination des régions qui étaient historiquement immunisées", contre les incendies, a souligné Renaud Barbero chercheur climatologue à l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (Inrae), lors d'un point presse.
Les projections basées sur les analyses des experts de l'Onu sur le climat (Giec) montrent "que la zone à risque va s'étendre vers le nord de l'Europe, et puis en altitude", a de son côté relevé Jean-Luc Dupuy qui étudie la propagation des feux et leur évolution en Europe au laboratoire de recherche de l'Inrae à Avignon. Aujourd'hui, la superficie brûlée chaque année en Europe est en moyenne de 400.000 à 500.000 hectares, principalement dans les pays méditerranéens (Espagne, Grèce, Italie, France etc...), habitués de longue date à ces feux durant l'été.
En France, "l'activité (des feux) va s'intensifier dans les zones où elle est déjà forte, dans le Sud-Est et aussi s'étendre aux marges montagneuses de cette région du Sud", où les températures et la sécheresse vont augmenter, a donné en exemple M. Dupuy. "Le danger météo va aussi augmenter dans la moitié nord notamment dans les pays de la Loire et le Centre où l'on va assister à une hausse significative des incendies dans le futur, selon nos projections", a-t-il ajouté. Aux Etats-Unis, où les surfaces brûlées ont augmenté de 1.200% lors des trois à quatre dernières décennies, les incendies se produisent aussi
davantage dans des zones en altitude, qui étaient jusque là épargnées, a noté M. Barbero.
Une politique de lutte et de prévention payante, en France
Cette extension des zones touchées par des incendies d'ampleur va poser des défis importants: en effet, si la végétation méditerranéenne est par exemple adaptée aux incendies - le pin d'Alep a par exemple une banque de graines qu'il peut déployer dans le sol en cas de feu pour assurer une régénération ; en Corse les chênes liège survivent aux feux -, celle des zones plus au nord ou plus montagneuses ne l'est pas forcément.
Avec le réchauffement climatique, la saison des incendies va aussi devenir plus longue. En juin, l'Europe du Sud a été frappée cette année par une canicule d'une précocité inédite et l'Espagne a connu plusieurs incendies dont un, dans le nord-ouest du pays à la Culebra, a brûlé près de 9.000 hectares. En Californie, "on a vu des méga feux se produire en novembre ou en décembre bien au-delà de la saison des feux classique", a souligné M. Barbero. Malgré tout, les surfaces brûlées ont diminué dans le monde (-25% entre 1998 et 2015), a relevé le chercheur, une baisse qui s'explique en partie par le recul des forêts. En France, la surface moyenne brûlée chaque année est aussi en forte baisse de 45.000 hectares dans les années 1970-1980 à 12.000 hectares depuis 2006, et ce malgré un réchauffement du climat. "Cette baisse est due aux politiques de lutte et de prévention qui consistent à attaquer très rapidement tout départ de feu pendant la saison estivale", avec d'importants moyens pour les pompiers, selon M. Dupuy.
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