Gilles Grandjean, directeur du programme de recherche Risques naturels et résilience des territoires au sein du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM).
Il a accepté de partager avec nous son avis et expertise quant aux risques naturels en France, l’implication des collectivités et des citoyens dans la prévention des risques, mais aussi ses prévisions pour l’avenir quant aux risques naturels en France.
Pouvez-vous brièvement vous présenter, présenter le BRGM ainsi que votre mission ?
Je suis le directeur du programme scientifique Risques naturels et résilience des territoires au sein du BRGM. Le BRGM est le service géologique national, qui est un établissement public. Nous développons de la recherche sur l’ensemble des domaines géoscientifiques, mais nous appuyons aussi les politiques publiques à la demande des services de l’État sur nos divers domaines d’intervention.
Ma mission, en l’occurrence, est de gérer nos différents projets au sein du programme Risques naturels et résilience des territoires. Nos projets traitent de sujets importants dans le domaine des risques naturels, avec pour mission de préparer l’avenir de la société française à ce sujet.
L’une des missions du BRGM est d’analyser les divers risques auxquels nous sommes exposés sur le territoire français. Comment évaluez-vous les risques naturels et les catastrophes potentielles dans une région donnée ?
Nous essayons de développer des nouvelles méthodes d'évaluation et de proposer des solutions pour réduire ces risques naturels. Il y a plusieurs étapes pour évaluer les risques : tout d’abord, nous essayons d’identifier les aléas naturels, qui sont des phénomènes naturels récurrents. Ces aléas dépendent par exemple du contexte géologique ou du forçage climatique.
A la suite de ça, nous essayons d’établir des cartes d’aléas, pour identifier les zones les plus impactées par les phénomènes naturels dans une région donnée. Cela nous permet d’alerter sur la survenance d’une catastrophe naturelle sur un territoire spécifique.
Ensuite, il faut évaluer la vulnérabilité des enjeux qui sont exposés : il peut s’agir de maisons individuelles, de routes, d’infrastructures…
Une fois que nous croisons la notion d’aléas avec la vulnérabilité du territoire, nous pouvons obtenir une carte de risques plus précise, et ainsi mieux évaluer nos stratégies de réponse et de prévention.
Travaillez-vous avec les communautés locales pour améliorer la gestion et la prévention des risques ? Si oui, sur quels aspects travaillez-vous actuellement ?
Absolument, notre mission première étant d’appuyer les services de l’État : nous travaillons à la fois avec les services centraux comme la DGPR (Direction Générale de la Prévention des Risques, NDLR) mais aussi les services déconcentrés, et enfin les collectivités et les municipalités.
Nous offrons à tous ces acteurs un appui technique pour réaliser des plans de prévention de risques, par exemple. Nous allons aussi pouvoir réaliser des études de scénarios et des exercices de simulation (comme la simulation de l’arrivée d’une tempête sur une côte à risque), afin de préparer leurs territoires aux futures crises. Par exemple, l’Agence Nationale de la Recherche réalise en ce moment ce type d’étude via le projet ORACLES sur la côte Atlantique.
Enfin, nous pouvons les aider à élaborer des plans d'adaptation aux changements climatiques. Nous l’avons fait dans le cadre du projet Life Adapto, que nous avons réalisé sur de nombreuses façades maritimes en métropole.
Travaillez-vous également avec les citoyens pour les sensibiliser aux risques naturels et les impliquer dans la gestion de ces risques ?
Nous pouvons avoir un contact avec les citoyens grâce à notre site Géorisques : nous y intégrons de la donnée événementielle sur tous les risques connus en France, ce qui permet aux citoyens de se renseigner sur leur région ou territoire.
Nous produisons également des informations à destination des citoyens sur la notion de risques et de gestion de risques.
Depuis quelques années, nous menons aussi des travaux consistant à exploiter les réseaux sociaux afin de faire participer les utilisateurs à la détection des catastrophes. Par exemple, nous avons réalisé le projet Suricate-Nat, qui permet aux utilisateurs d’indiquer lorsqu’une catastrophe se passe à côté de chez eux. Cela nous permet d’avoir des “capteurs citoyens” en complémentarité des capteurs technologiques que nous avons déjà.
Nous constatons une assez forte augmentation de l’intensité des catastrophes naturelles sur les 15 dernières années : du fait de votre expertise au sein du BRGM, quels sont selon vous les plus gros risques auxquels nous sommes exposés sur le territoire français dans les années à venir ?
Cette question n’est pas simple : si l’on met de côté les aléas géodynamiques qui ne subissent pas le changement climatique, il est clair que le dérèglement climatique amène une augmentation de l’intensité mais surtout de la fréquence de tous ces phénomènes. On peut s’attendre à des épisodes de sécheresse et ainsi des pénuries de ressource en eau, mais aussi des problèmes de submersion et d'érosion du littoral, qui peuvent et vont certainement s’exacerber.
Le climat est un composant très important de tous ces phénomènes. Quelque part, le dérèglement climatique a forcément un impact, mais le tout est désormais de savoir à quel degré. C’est pour cela que nous travaillons beaucoup avec les scénarios du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, NDLR) pour déterminer dans quelle mesure la fréquence de ces catastrophes naturelles va augmenter et de prévoir pour adapter notre réponse et notre prévention.
Il faut noter que l’on parle de deux types d’aléas : certains sont très violents et rapides, comme les cyclones ou les inondations. D’autres sont plus lents mais inexorables, comme l’érosion ou la montée des eaux. Nous devons vraiment travailler sur ces deux types d’aléas pour prévoir au mieux l’augmentation de ces phénomènes et se préparer en conséquence.
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