Contigüe à Nemours, la petite ville de Saint Pierre-lès-Nemours n’a pas connu la même médiatisation que sa voisine au moment de la crue de juin 2016. Et pourtant ! Les riverains du Loing ont été littéralement submergés : sur les 75 familles aidées par l’association dans le sud Seine-et-Marne, 29 y habitent. Rencontres avec cinq d’entre elles à l’occasion d’une distribution.
Mireille : « On a besoin de sortir de l’ombre »
Mireille est toujours en colère. Parce qu’elle n’a pas été prévenue de l’arrivée de la crue et parce que la mairie ne s’est pas occupée d’eux. « J’ai eu 1m35 d’eau dans la maison, tout était foutu ». En décembre dernier, à l’approche des fêtes, elle poussait un « coup de gueule » dans le journal local pour dénoncer la situation de détresse de dizaines de sinistrés. C’est d’ailleurs à la suite de cet article que le lien s’est créé avec Partagence et que le programme s’est déployé sur la commune. Mireille a hésité avant de se déclarer comme sinistrée auprès de la mairie car elle considérait que « d’autres avait plus besoin d’aide » qu’elle. Elle a néanmoins voulu « sortir de l’ombre pour enfin être reconnue comme victime ». Prochaine étape pour Mireille : créer un collectif de vigilance avec les riverains pour se défendre et se faire entendre.
Don de Partagence : table basse, commode, meuble bas.
Nathalie : « Je ne voulais plus revenir, j’avais peur »
Nathalie a retrouvé le sourire. Après des mois de galère, elle est revenue habiter chez elle le 15 février dernier avec son mari et ses fils de 8 et 10 ans. Le 1er juin dernier, en conduisant ses enfants chez une amie, elle a été bloquée par la montée de l’eau. Elle a laissé ses fils en sécurité pour revenir chercher son chien et quelques affaires, en mettant « une serpillère sur le pas de la porte pour éponger au cas où ». Elle ne se doutait pas qu’il allait y avoir 1m30 d’eau dans sa maison. Son mari absent au moment de crue, elle a dû gérer la situation seule et cela n’a pas été facile. Pendant plusieurs mois, ils ont pris une location. « J’ai voulu vendre, j’avais peur, je ne voulais plus vivre ici ». Pour remettre la maison en état, les entrepreneurs ont du tout casser et ne « laisser que les 4 murs » avant de tout réaménager à neuf pour enfin repartir. C’est avec beaucoup d’émotion qu’elle a accueilli l’équipe de Partagence.
Don de Partagence : deux chambres complètes pour enfant (armoire, lit, chevet), du linge de maison, une table basse.
Josette et Gérald : « A 70 ans, c’est dur de tout recommencer »
Josette et Gérald ont quitté leur domicile précipitamment. De l’eau jusqu’à la poitrine, ils ont rejoint la colline en face de chez eux pour se mettre au sec. « Tout s’est passé très vite, on a été pris par surprise. On a embarqué les médicaments et le porte-monnaie et on est partis ». Ils disent avoir été choqués pendant un mois après la catastrophe. « On a tout perdu, les meubles de famille, les vitres de la véranda ont explosé sous la pression des 2 mètres d’eau ». Jusqu’au 1er janvier, ils ont vécu dans un gîte mais ils en sont partis car l’assurance ne leur remboursait plus les loyers. Aujourd’hui, les travaux ne sont pas terminés, alors « ils campent ». « On n’a pas voulu demander d’aide, c’est pas dans nos habitudes ». Courageusement, ils essaient de reprendre une vie normale, même si à « 70 ans, tout recommencer depuis le début, c’est dur ».
Don de Partagence : bureau, bibliothèque, commodes basse, table basse, table de chevet.
Jacques : « J’ai failli mourir »
« J’ai failli mourir ». Ce sont les premiers mots de Jacques lorsqu’il évoque la crue. En moins d’une demi-heure, il a vu l’eau envahir sa maison, sa voiture emportée par le courant, son imposant buffet projeté au plafond. « Je suis monté sur la table de la salle à manger avec mon chien, j’avais de l’eau jusqu’au cou, elle était glaciale ». Panique. Il a réussi à sortir, son chien au bout d’une laisse, pour se réfugier sur un muret. Un bénévole est venu le sauver. Quelques jours plus tard, il a failli faire une pneumonie. Après avoir été hébergé par son fils, il est rentré chez lui début janvier. Aujourd’hui, Jacques est pessimiste ; il a peur que cela se reproduise.
Don de Partagence : 2 armoires, une table basse, une commode.
Suzette : « Je n’ai pas eu le temps de réagir ».
« Personne ne m’a prévenue ». Partie promener son chien au bout de la rue, Suzette a vu un attroupement de badauds observant la montée des eaux. Elle est vite retournée chez elle pour « monter deux, trois bricoles sur la table » et « en trente minutes l’eau est entrée dans la maison comme une vague ». « Je n’ai pas eu le temps de réagir ».1m10 au rez-de-chaussée. Emmenée au centre socio-culturel, elle est revenue deux jours plus tard pour constater les dégâts et dix jours après pour nettoyer. « Ça sentait mauvais, il faisait froid ». Jusqu’au mois d’octobre, elle a vécu chez son frère. Aujourd’hui, elle occupe surtout l’étage dans l’attente des travaux qui débuteront dans les prochaines semaines. Discrète, Suzette n’a pas souhaité être prise en photo mais elle a accepté que l’on montre son salon, presque en l’état post-crue
Don de Partagence : une armoire.