Prévision

Connaître et anticiper les prochains séismes : comment sont évalués les risques sismiques et leur localisation

29 Août 2023

Selon une récente étude de la revue Seismica dirigée par l’Université de Californie du Sud, il semble désormais possible de connaître plus précisément la localisation de probables futurs séismes. Cette étude, publiée en avril 2023, a étudié la potentielle localisation d’un prochain séisme de grande ampleur en Turquie. En effet, après le séisme particulièrement violent (de magnitude 7,8) qui a touché la Turquie ainsi que la Syrie en février dernier, cette étude a tenté de définir plus précisément la localisation d’un futur épicentre et son intensité.

Dès lors, serait-il possible d’anticiper les prochains séismes ? Comment sont étudiés leur localisation et leur future ampleur ? Pourrait-on prévoir leur temporalité, et ainsi les éviter ?

Pourquoi anticiper les prochains séismes ?

Des décennies de recherches l’ont prouvé : les aléas naturels tels que les séismes, les éruptions, les tsunamis ou les cyclones sont inévitables.  Néanmoins, l’être humain est désormais capable de suffisamment étudier ces phénomènes pour mieux les comprendre et les prévenir.  Par ailleurs, les régions à haute intensité sismique autour de la planète présentent toutes ou presque un fort potentiel sismique de magnitude 8 ou plus sur l’échelle de Richter.

Dans le cas d’un séisme de cette intensité, on s’attend alors à des dégâts majeurs dans les zones touchées, allant même jusqu’à la destruction totale à l’épicentre. Aux États-Unis, les chercheurs attendent encore The Big One, ce fameux tremblement de terre de la faille de San Andreas qui détruirait à coup sûr une partie de l'État de Californie. Ainsi, anticiper l’intensité des prochains séismes est primordiale pour préparer au mieux les terrains et les populations : cela donne lieu à une meilleure cartographie des villes et quartiers, ainsi que des bâtiments présentant des risques majeurs.

Évaluer les risques sismiques : la question de la localisation

Pour évaluer les risques sismiques et plus précisément leur future localisation, une technologie est aujourd’hui plébiscitée : la télédétection : ce système d’analyse par image satellite permet de caractériser de manière précise les déplacements des plaques tectoniques liés aux processus géologiques.
C’est de cette manière qu’il est possible de cartographier, à l’issue d’un phénomène sismique, les différents déplacements géologiques dans une région donnée. En Turquie, par exemple, la télédétection a permis de constater qu'une section de la faille est-anatolienne était restée intacte et bloquée. De ce fait, on prévoit de nouvelles frictions plus intenses sur cette partie de la faille à l’avenir, pouvant mener à de nouveaux séismes d’une magnitude supérieure à 6,5. Le géophysicien Sylvain Barbot, qui a participé à l’étude sur le sujet, publiée dans la revue Seismica souligne que "nous ne connaissons pas le moment, mais nous savons où cela peut se produire".

Déterminer l’intensité de futurs séisme

Une fois la localisation de potentiels futurs séismes est déterminée, il reste encore nécessaire d’en définir l’intensité. Le séisme en Turquie et en Syrie l’a bien prouvé : certains édifices correspondant aux normes de constructions pour les risques sismiques de la région se sont effondrés en quelques secondes.

Si les normes sismiques en matière de construction doivent être revues et adaptées, connaître l’intensité de futurs séismes permettra aussi à terme d’empêcher d’autres catastrophes aux conséquences désastreuses. On peut, par exemple, citer la catastrophe nucléaire de Fukushima au Japon, qui a causé en 2011 un accident nucléaire sans précédent dans le pays suite à un séisme de magnitude 9,1.

Pour déterminer la magnitude de futurs phénomènes sismiques, plusieurs facteurs sont pris en compte :
- la sismicité historique : on étudie l’historique sismique d’une région donnée ainsi que l’intensité des derniers séismes qui s’y sont produits.
- la distance épicentre - sol : cette distance influe sur la magnitude de futurs séismes. Plus l’épicentre se trouve proche de la surface de la Terre, plus des dégâts considérables sont à prévoir.
- la technique de reconnaissance des formes : cette technique consiste à étudier les tendances au cours de plusieurs décennies de la sismicité d’une région. Ces variations permettent ensuite d'établir des tendances en termes d’intensité avec des taux de succès significatifs.

Néanmoins, s’il est possible d’anticiper la localisation et l’intensité de prochains séismes, une question subsiste : la temporalité. La question du “quand” reste encore en suspens, et ne permet pas aujourd’hui d’éviter de véritables catastrophes humaines et matérielles.

 
Sixtine Pillière