Le 6 février 2023, la Turquie et la Syrie ont été frappées en quelques heures par deux puissants séismes de magnitude 7,8 et 7,6 sur l’échelle de Richter. Ils ont occasionné de très nombreuses victimes et des dégâts considérables.
Cette région du monde est l’une des zones sismiques les plus actives. Ce nouveau séisme, qui succède à plusieurs séismes majeurs historiques, est le plus fort enregistré en Turquie depuis celui d’Erzincan de 1939 de magnitude 7,8.
Nous gardons tous en mémoire également le séisme de 1999 (magnitude 7,4 au nord-ouest du pays, plus de 17 000 morts, dont un millier à Istanbul) et celui de 2020 à Elazig (magnitude 6,8, faisant 41 morts et de nombreux blessés).
Le bilan des deux séismes majeurs de février 2023 est effroyable et s’alourdit de jour en jour avec plus de 35000 morts (bilan provisoire au 14/02/2023), des dizaines de milliers de blessés et des désordres considérables sur les réseaux, le bâti, l’économie... Ils laissent présager que cette crise sismique est l’une des plus importantes depuis un siècle dans des pays proches de l’Union européenne. La pluie, la neige et le froid rendent difficile la recherche de survivants dans les immeubles effondrés. Nous savons que le temps nécessaire à la reconstruction après un tel évènement ne se compte ni en mois ni en années, mais en dizaines d’années.
Cette crise sismique touche la Turquie, pays à la culture sismique reconnue et dont l’Etat a fortement investi depuis plusieurs décennies, dans la prévention parasismique, les normes règlementaires et techniques, l’éducation et la gestion des crises. La Syrie a été touchée par cet évènement alors que ses populations subissent un long conflit depuis plus de 10 ans.
L’ampleur des dégâts et les difficultés rencontrées nous rappellent combien il est difficile de se prémunir contre ce type d’évènements exceptionnels. Cela nécessite des approches pluridisciplinaires, des sciences de la Terre… à la mécanique des structures, de la géotechnique… aux structures anciennes en maçonnerie, sans négliger les approches socio-économiques et les processus assurant la qualité de réalisation des ouvrages ainsi que l’utilisation des arts, de la culture et des sciences politiques dans les politiques de prévention. Le champ des connaissances nécessaires à la protection des populations est immense. En tant que professionnels, nous nous devons de partager la connaissance qui peut soulager les difficultés et protéger les populations, quel que soit le contexte géopolitique. Nous nous devons de tirer tout le retour d’expérience humain et technique pour mieux protéger les populations et les biens dans le futur.
En tant qu’associations et sociétés savantes, nous nous devons d’établir les canaux de communication entre professionnels et veiller à ce que des ponts entre domaines techniques, entre générations et entre pays sortent renforcés de cette crise. Que l’information utile arrive jusque dans les zones les plus inaccessibles !
Comme elles le font depuis 40 ans pour l’AFPS, et plus de 20 ans pour l’AFPCNT, avec leurs membres, réseaux nationaux et collaborations internationales, nos associations se mettent à la disposition de la communauté nationale française - membre de l’Union européenne, de ses institutions publiques, de ses organismes de recherche, de ses entreprises…
Ensemble, contribuons au partage et au développement des connaissances nécessaires à la protection des personnes et des biens face au risque sismique.
Cette catastrophe internationale nous rappelle que notre pays (hexagone et territoires ultramarins) est également exposé au risque sismique. Chaque jour nous rapproche un peu plus d’une crise sismique majeure. Le séisme du Teil en 2019, de magnitude 4,9, s’il a fait peu de victimes, a occasionné de nombreux dommages. La recomposition territoriale qui s’en suit encore aujourd’hui prendra encore de nombreuses années.
Sommes-nous prêts à faire face à un séisme majeur aujourd’hui en France ? Les acteurs du territoire (collectivités, services de l’Etat, établissements publics, gestionnaires d’ouvrages, scientifiques, associations…) sont mobilisés depuis de nombreuses années pour anticiper une telle crise sur le territoire national. Nous devons aujourd’hui poursuivre et intensifier les efforts pour :
● développer la mémoire et la culture du risque au sein de notre population,
● planifier et nous exercer à la gestion d’un tel évènement et de ces conséquences,
● veiller à une organisation et à un aménagement résilients de notre territoire.
Nos deux associations s’unissent aujourd’hui pour soutenir les acteurs des zones touchées et contribuer à améliorer la prévention du risque sismique en France.
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